noprisonsociety – prisonsociety https://prisonsociety.blackblogs.org Sat, 13 Apr 2019 21:03:03 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.7.1 Un mois de mai anarchiste https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/13/un-mois-de-mai-anarchiste/ Sat, 13 Apr 2019 21:03:03 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=265 Continue reading Un mois de mai anarchiste ]]> Certains pensent que le premier mai est une fête réformiste. En effet, cette date a été récupérée par la gauche et même par de nombreux États. Le 1er mai est officiellement aujourd’hui la fête du Travail, et à ce titre un jour férié dans de nombreux pays, durant lequel on célèbre le dur labeur, et les organisations syndicales (quelles soient anarchistes ou pas) en ont fait leur date principale de l’année, où chacun sort avec son drapeau et sa banderole pour parader dans les rues, en mode carnaval de la gauche.

C’est en fait plutôt drôle que des réformistes célèbrent une date pareille, car le premier mai pour les anarchistes ce n’est pas la fête du travail, mais la commémoration de ce qui s’est passé en mai 1886 à Chicago (États-Unis), lorsque des travailleurs, anarchistes, souvent migrants (allemands, irlandais, italiens, etc.), ont lancé une grève massive pour travailler moins d’heures (les fameuses grèves pour obtenir la journée de travail de huit heures). Dans les journaux de ces anarchistes (certains écrits en allemand, comme le Arbeiter Zeitung) il y avait des appels à prendre les armes contre les patrons et la police, des appels à fabriquer des bombes. Et c’est en effet ce qui s’est passé, les mots n’étant pas que de l’encre à cette époque, et lors d’un rassemblement au Haymarket réprimé très violemment par la police (à l’époque cela veut dire qu’il y a eu des morts) une bombe a été lancée sur des policiers, et un policer fut tué par celle-ci, et sept autres flics furent tués dans la bagarre qui suivit.

Suite à cela 8 anarchistes passèrent en procès, et 5 seront condamnés à mort. L’un d’entre eux, expert en dynamite, se suicidera dans sa cellule, et quatre seront pendus. Or, contrairement au mythe conté par la propagande gauchiste, les anarchistes de Haymarket ne sont ni des victimes innocentes, ni des martyrs (la martyrologie étant un concept religieux). Ils participaient tous activement à la propagande anarchiste, ils écrivaient dans ces journaux qui appelaient à prendre les armes et fabriquer des bombes, et ils fabriquaient des bombes eux-mêmes, et ils ont été arrêtés parce que leur activité de propagandistes anarchistes les rendait visibles aux yeux du pouvoir, et qu’ils ne s’en cachaient pas. À cette époque l’anarchisme était vu comme une vraie menace pour le pouvoir, comme l’atteste cette citation du procureur du procès de Haymarket : « Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »

Ce petit retour sur les évènements de Haymarket n’a pas comme but de provoquer de la nostalgie, ou de se dire que les anarchistes d’aujourd’hui devraient faire comme en 1886. Nous vivons en 2019, en Allemagne, dans une société extrêmement pacifiée où les idées anarchistes sont souvent diluées dans une soupe amère d’idéologie gauchiste. Et cela parce que se déclarer aujourd’hui contre tout Dieu, maître ou nation n’est plus aussi consensuel qu’au XIX° siècle, où le nationalisme, la religion ou le patron étaient clairement considérés par les anarchistes comme des ennemis de la liberté, et non pas comme des détails sur lesquels nous pouvons être tolérants, selon qui porte ces concepts réactionnaires.

Le but n’est pas non plus de dire que nous devons absolument défendre des dates qui nous appartiendraient. Après tout le premier mai n’est qu’une date dans le calendrier, et nous pouvons en trouver d’autres si nous ne voulons pas nous mélanger à la gauche, et nous pouvons aussi décider de nos propres moments sans suivre un calendrier figé, prévisible.

Ceci dit, cette année des anarchistes à Berlin ont décidé de prolonger l’idée d’un 1er mai « subversif » à tout le mois de mai. Autant par les idées que par les actes, l’idée est de perpétuer la praxis anarchiste qui existait déjà en 1886, et de se souvenir que la répression touche encore durement les anarchistes aujourd’hui, partout dans le monde, et qu’on ne doit pas abandonner ces compagnon-ne-s. Que ce soit en Italie, en France, en Argentine, en Espagne, en Grèce, au Mexique, aux Canada, au Chili, en Suisse, en République Tchèque, en Allemagne, en Russie et partout ailleurs, des anarchistes continuent d’agir, de diffuser leur amour de la liberté, et continuent d’être frappés par la répression pour cette raison. Et s’il est important de penser à ceux/celles exilés derrière des barreaux, ou à ceux/celles qui sont obligés de fuir pour éviter la prison, il est aussi important d’agir pour soi-même, dans des moments que nous choisissons, et pas seulement en réaction à ce que l’État pourrait faire contre l’un-e d’entre nous, car nous ne sommes pas des automates qui agissons par réflexe pavlovien.

L’anarchisme se situe hors de l’échiquier de la Politique sur lequel jouent les activistes de la gauche et de la droite, qui bien souvent se contentent de réagir à l’actualité. L’anarchie c’est une vie libre, et les anarchistes font ce qui est possible pour aller vers cela. Et cela ne se fera qu’en refusant d’être des petits soldats qui agissent au nom de quelque chose de supérieur à eux, et en s’émancipant de la gauche qui nous empêche de nous développer pleinement, qui nous prend notre oxygène. Retrouvons la passion, la haine, la rage, toutes ces émotions dangereuses qui ont fait agir les anarchistes avant nous aux quatre coins du monde depuis le XIX° siècle.

Ainsi l’idée est lancée pour un mois de mai anarchiste à Berlin, avec l’espoir que les anarchistes sauront distiller les idées que nos prédécesseurs ont porté sans concession, et que des compagnon-ne-s portent encore aujourd’hui, parfois malgré des décennies d’enfermement dans les prisons de la démocratie.

« Le temps viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui ! » (August Spies, accusé à l’affair Haymarket, alors qu’il avait la corde au cou )

Pour un mois de mai de praxis anarchiste!

Un-e anarchiste berlinois-e

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Mai subversif 2019 – Contre toutes les prisons, avec ou sans murs https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/13/mai-subversif-2019-contre-toutes-les-prisons-avec-ou-sans-murs/ Sat, 13 Apr 2019 20:55:48 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=260 Continue reading Mai subversif 2019 – Contre toutes les prisons, avec ou sans murs ]]> Solidarité internationale et complicité avec les anarchistes accusés et emprisonnés

On prolonge ici la proposition d’un 1er mai 2019 anarchiste à Berlin à un mois entier de solidarité. Que ce soit des événements d’information, des discussions ou des attaques directes, selon la tension et la conflictualité de chaque individu et de ses relations.

Les histoires de la misère quotidienne ont de nombreux visages : de ceux qui sont chassés de chez eux parce qu‘ils vivent dans une société capitaliste, l‘habitation est une marchandise ; de ceux qui deviennent « illégaux » parce que certains papiers de merde sont invalides; de ceux qui s’ennuient à regarder leurs smartphones dans le métro sur le chemin du travail, à moitié morts en vivotant comme des précaires; ou de ceux qui sont derrière les murs des prisons car ils ne respectent aucune règle du jeu du capital ou de l‘État. La société actuelle est basée sur les frontières et les papiers, les contrôles, la surveillance et la prison, l’exploitation et l’aliénation quotidiennes, l’argent, la propriété et la domination. Avec cette misère quotidienne, tout le monde tente d’une manière ou d’une autre d’y faire face, que ce soit par l‘érosion sociale , en libérant de la dopamine devant l’ordinateur ou le smartphone, en se droguant, en consommant de l’alcool et en « faisant la fête », ou en se trouvant sporadiquement des bulles pour contenir un peu sa misère.

Une proposition anarchiste contre la misère quotidienne et une société qui construit une prison à ciel ouvert, c’est l’insurrection et le bouleversement social ! La proposition d’auto-organisation, d’attaque directe et de révolte individuelle et collective n’est pas une proposition qui fait référence à une réaction, mais une proposition qui passe à l’offensive et attaque les structures du pouvoir. Si le 1er mai à Berlin est réapproprié par les anti-autoritaires et les anarchistes, nous proposons d’étendre cette journée à un mois entier. Il s’agit d’une proposition pour retrouver sa dignité par l’attaque directe, la diffusion d’idées auto-déterminées ou l’accumulation d’attaques.

La propagande directe pour un monde sans exploitation et sans oppression est une prise de positionennemie de tous ceux qui profitent de la domination et la protègent. Ennemie de toute domination et de tout pouvoir, des flics en uniforme ou pseudo-policiers citoyens, du tribunal, de la banque et des patrons, des fascistes dans la rue et au bureau, contre toute politique et contre la gauche réformiste. Ennemie de la machinerie de la prison et l‘explusion, et ennemie du progrès technologique qui contribue à faire de cette société une prison sans murs.

L’idée et le désir d’une société basée sur la liberté des accords et l’autodétermination sans structures étatiques et hiérarchiques existent au-delà des frontières et des murs. C‘est précisément pour cette raison que l’on trouve des anarchistes sur le banc des accusés, en fuite ou en prison. Et souvent, l’État essaie de diffamer les anarchistes avec l‘appelation de terroristes, afin de les isoler socialement (et surtout essaie d‘isoler l’envie d’un monde loin de la logique capitaliste).

Voici une liste incomplète des cas actuels de répression en Europe:

– En Italie, l’État (avec un fasciste comme premier ministre) procède massivement à plusieurs opérations policières contre des anarchistes. À Florence, 3 anarchistes sont arrêtés par l’opération « Panico ».

– En février, 14 personnes sont arrêtées à Turin et à Trente et accusées d’association subversive, d’incitation au crime, de possession, de fabrication et de transport d’explosifs vers un lieu public.

– Pendant ce temps, en Italie, le verdict préliminaire dans le procès de l’opération « Scripta Manent » a été prononcé, l’accusation exige un total de 204 ans de prison (de 6 à 30 ans pour les différents accusés). Et certains des accusés qui n‘étaient pas en prison ont décidé de partir en cavale.

– Le 29 janvier, à Zurich, un compagnon anarchiste a été arrêté dans la rue et placé en détention. Il est accusé d‘incitation à commettre des crimes dans le cadre de la lutte contre les nouvelles prisons, et d‘incendie contre des voitures de l’armée suisse et une tour de radio de la police. Un autre compagnon est en fuite depuis deux ans à cause des incendies.

– A Bâle, 18 personnes ont été accusées (dont 15 condamnées) d’avoir participé à une manifestation sauvage en juin 2016 au cours de laquelle plusieurs attaques ont été perpétrées, notamment contre le siège du parti raciste de l’SVP/UDC, une banque de l’UBS, diverses assurances et le tribunal, lançant des pierres et des bouteilles contre les flics qui approchaient.

– Depuis avril 2016, l’anarchiste Lisa est en prison (d’abord en Allemagne et maintenant en Espagne), accusée d’avoir braqué une banque à Aix-la-Chapelle.

– L’anarchiste Thomas Meyer-Falk est en prison depuis 1996 (actuellement à Fribourg), condamné pour le braquage d‘une banque. L’État allemand continue de le maintenir en détention préventive „Sicherheitsverwahrung“.

– À Hambourg, le compagnon Loic est en détention préventive. Il est accusé d’avoir fait partie d‘une foule en colère, lors du G20, qui a traversé l’Elbchaussee et a attaqué divers biens des riches, le tribunal et l’infrastructure capitaliste.

– Le 29 avril, le procès de 12 anarchistes en Belgique s’ouvre, accusés de 14 crimes. Il s’agit d’attaques, notamment dans le cadre de la lutte contre la construction d‘un nouveau centre fermé et d’une nouvelle prison à Bruxelles.

– Un compagnon est en prison depuis un an en France, sans avoir eu de procès, accusé d‘avoir incendié 5 voitures de gendarme dans la gendarmerie de Limoges, en septembre 2017, en solidarité avec les personnes accusés d‘avoir incendié une voiture de police à Paris en 2016.

– Claudio Lavazza, anarchiste italien en prison en Espagne depuis 1996, accusé de plusieurs braquages dans plusieurs pays et de la mort de deux flics suite à un braquage en Espagne.

– La suite de l‘Opération Phénix en République Tchèque, opération qui commença en 2015 et lança une vague répressive contre des anarchistes suite à plusieurs attaques signées Réseau de Cellules Révolutionnaires. Plusieurs anarchistes sont allés en prison dans le cadre de cette affaire. De nouvelles personnes ont été accusées en 2016, et leur procès a lieu à la mi avril 2019.

La solidarité pratique pour tous les anarchistes accusés et condamnés, c’est de continuer à porter le rêve d’un monde libre de domination dans son cœur et de l’exprimer concrètement. Pour enflammer des coeurs….

« Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout. » (Extrait d’un tract sur le procès des anarchistes en Belgique)

La tête haute contre les griffes de l’État – que ce soit en fuite, contre la misère quotidienne, en prison, entourés de murs ou dans cette société carcérale !

Feu à toutes les prisons, avec ou sans murs !

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procès contre des anarchistes en Belgique https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/proces-contre-des-anarchistes-en-belgique/ Tue, 02 Apr 2019 19:50:05 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=245 Continue reading procès contre des anarchistes en Belgique ]]>

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours sans concessions – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Initialement poursuivis pour “participation à un groupe terroriste”, c’est finalement sous l’inculpation d’”association de malfaiteurs” que 12 compagnons seront jugés tout au long de la semaine du 29 avril 2019.

Nous reprenons ci-dessous les textes, affiches et initiatives solidaires sortis à ce propos depuis le côté anti-autoritaire.

(https://lalime.noblogs.org)

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Bruxelles, Belgique : Activités à la bibliothèque Acrata en solidarité avec les compagnons poursuivis par l’Etat belge – Du 24 mars au 8 avril 2019 https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/bruxelles-belgique-activites-a-la-bibliotheque-acrata-en-solidarite-avec-les-compagnons-poursuivis-par-letat-belge-du-24-mars-au-8-avril-2019/ Tue, 02 Apr 2019 19:43:52 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=241 Continue reading Bruxelles, Belgique : Activités à la bibliothèque Acrata en solidarité avec les compagnons poursuivis par l’Etat belge – Du 24 mars au 8 avril 2019 ]]>

PROCÈS CONTRE DES ANARCHISTES EN BELGIQUE ?

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours sans concessions – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et à ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Initialement poursuivis pour « participation à un groupe terroriste », c’est finalement sous l’inculpation d’« association de malfaiteurs » que 12 compagnons seront jugés tout au long de la semaine du 29 avril 2019.

- Dimanche 24 mars – 17h00 – Passiflore (boulevard du Jubilé 180, 1080 Molenbeek)
Les plantes comme alliées précieuses pour nos luttes ici

- Mercredi 27 mars – 19h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Retour sur la lutte contre la construction d’un centre fermé à Steenokkerzeel ici

- Dimanche 31 mars – 14h00 – l’Agitée (rue Gaucheret 114, 1030 Schaerbeek)
Discussion luttes et enfants ici

- Lundi 1 avril – 19h00 – Acrata (rue de la Grande Île 32, 1000 Bruxelles)
Les « mesures particulières de recherche » de l’État belge ici

- Jeudi 4 avril – 18h00 – NOVA (rue d’Arenberg 3, 1000 Bruxelles)
Projections et souper en soutien à la Lime ici

- Lundi 8 avril – 19h00 – L’Anarchive (avenue Buyl 131, 1050 Ixelles)
Projection du film Point.s de Fissures ici

 

[Publié sur indymedia Bruxelles, 18.03.2019]

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Attaque ! https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/attaque/ Tue, 02 Apr 2019 19:37:34 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=238 Continue reading Attaque ! ]]> Chaque matin, la sonnerie du réveil m’arrache de mon sommeil. Premier acte : j’allume mon téléphone portable.

Avec les satellites, les nœuds de communication, les antennes etc, mon portable se synchronise avec ceux de tous les autres. Nous vivons la même vie en même temps. Connecté à internet, quelque chose d’invisible me transperce, mon téléphone envoie et reçoit en permanence. Une fois que le rythme de la nuit est tué par la sonnerie et que je me synchronise avec le monde connecté, un autre temps domine. Le staccato des émissions en direct, de la disponibilité ininterrompue, celui de la mise à disposition permanente, des emplois du temps et des rendez-vous, des plannings et des impératifs. Deuxième acte : je débranche mon portable de sa prise. Sans électricité, il ne serait rien, juste du plastique et de la ferraille avec quelques éléments faits de métaux rares. Cet appareil peut fonctionner à l’aide de spécialistes et grâce à une production d’électricité dépendante du nucléaire et du charbon, à un réseau mondial, à cette infrastructure critique qui garantit jour après jour notre quotidien, protégée par la police et l’armée. Après avoir utilisé divers appareils qui ont eux aussi besoin d’un réseau – sans quoi ils seraient complètement inutiles-, je pose un pied dans la rue.

Marchant le long des lampadaires – dans cette ville où l’obscurité n’existe plus, où aucun endroit n’échappe à la vue –, des boîtiers électriques et des répartiteurs téléphoniques, des sucettes publicitaires, des commerces avec leurs systèmes de surveillance – me vient en tête une pensée évidente : l’électricité sert les relations fondées sur la propriété à travers des milliers de kilomètres de câbles en fibre optique et en cuivre qui ne se trouvent qu’à 50 centimètres en-dessous de mes pieds ; je passe aussi sur des plaques qui donnent accès à des puits au fond desquels reposent les artères du monde moderne. Assis dans le train, me saute à l’esprit que sous les rigoles en béton courant le long des voies serpentent à nouveau des câbles, et que des systèmes de signalisation sont installés à peu près tous les 100 mètres : sans tout cela plus rien ne marcherait, le capital humain comme les biens morts ne parviendraient plus là où ils sont censés être consommés ou produire une plus-value.

Abandonnant mon observation de fourmi, je regarde en hauteur et aperçois sur les toits les antennes pour la radio, pour internet, pour le téléphone, ainsi que pour les ondes radio… dont celles de la police. Le maintien de la misère quotidienne a ses canaux, il faut les interrompre pour que les gens puissent transformer leur quotidien. La communication de ceux qui défendent la propriété dans les rues – les flics et l’armée – passe par les antennes sous lesquelles nous défilons du matin au soir. Lorsqu’une antenne-radio tombe, qu’un faisceau de câbles se consume à petit feu, qu’il y a la moindre coupure dans un câble en fibre optique ou à travers le cuivre des réverbères, apparaît tout à coup une zone d’ombre, un moment de confusion pour ceux qui n’ont pas appris et ne veulent pas apprendre à agir et à penser de façon autonome, qui obéissent et attendent toujours ordres et directives, mais cela peut aussi permettre à d’autres de faire des choses qui semblent souvent impossibles.

Si ce monde devient toujours plus une méga-machine, si les artères de la domination deviennent de plus en plus subtiles et qu’elles recouvrent tout le territoire de leur toile, nous devons – pour attaquer – être en mesure de tourner nos regards loin des choses les plus apparentes et tenter d’incorporer notre analyse des évolutions actuelles au sein des perspectives que nous voulons nous donner. Plus le monde est tissé de mailles, plus il est vulnérable aux perturbations. Ces nœuds de communication et les connexions entre eux, que l’on peut trouver partout et peu protégés correspondent aux points sensibles à couper. A un moment où même l’air brûle, cela n’a aucun sens de mettre le feu là où les flammes dansent déjà et où tous les regards sont fixés. Le silence radio, la coupure des communications, l’interruption des chaînes de commandement – et bien plus encore – sont les possibilités que l’on peut trouver avec un regard de créativité et d’analyse lorsqu’on cherche des objectifs à attaquer.

[Traduit de l’allemand du journal anarchiste ‘Feuer den Knästen’ via Act for Freedom Now, März 2019]

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Hambourg, Allemagne : Une antenne de téléphonie mobile transformée en torche – 20 mars 2019 https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/hambourg-allemagne-une-antenne-de-telephonie-mobile-transformee-en-torche-20-mars-2019/ Tue, 02 Apr 2019 19:35:00 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=236 Continue reading Hambourg, Allemagne : Une antenne de téléphonie mobile transformée en torche – 20 mars 2019 ]]>

Dans la nuit de mercredi 20 mars 2019, une antenne de téléphone a été transformée en torche: les câbles de l’antenne de téléphonie mobile utilisée par l’entreprise Vodafone ont brûlé dans le quartier de Barmbeck, à Hambourg. Les flammes ont atteint jusqu’à 15 mètres de hauteur. 

Les médias tels que la NDR et Abendblatt ont rapporté que les câbles ont brûlé jusqu’à 15 mètres de haut, détruisant entièrement le transformateur ainsi que des dizaines de mètres de câbles et de protège-câbles.

Sabotage ou défaut technique?
D’après les pompiers, un incendie d’origine criminelle n’est pas à exclure, mais personne n’a voulu se prononcer. Personne n’a voulu également évoquer les effets réels causés par cet incendie, de sorte à ce que cette information ne puisse pas en inspirer d’autres. De toute façon, de telles spéculations ne nous intéressent que très peu.

Bien plus important est la joie que nous procure une telle interruption de ce monde interconnecté et la certitude qui se manifeste à travers les flammes que le projet de la domination de la connectivité généralisée est fragile et demeure vulnérable.

Les incendies d’antennes, en plus de ceux détruisant des rigoles de câbles le long des voies ferrées, ne sont pas des phénomènes rares. Ce moyen incendiaire utilisé pour saboter les artères du capitalisme est apparemment de plus en plus apprécié chez ceux qui voient avant tout ce monde de progrès, de profit et de soumission comme un obstacle à l’épanouissement d’une perspective de liberté.

Par exemple, en 2016 déjà, le feu avait été mis à une antenne de la police à Zurich, incendie pour lequel est actuellement incarcéré un anarchiste, accusé d’avoir participé à cette attaque incendiaire. Dans le cadre de cette même affaire toujours en cours, une autre personne accusée s’est mise au vert et est toujours en cavale.

Cette année, il y a eu également un nombre important d’interventions de ce type:
Le 12 mars à Munich, des câbles de fibre optique ont brûlé sous un pont qui passe au-dessus de l’Isar.
Le 24 février à Dresde, un pylône émetteur de la Deutsche Bahn (compagnie ferroviaire allemande) est incendié, à la suite de quoi le trafic ferroviaire est également interrompu.
Le 1er février près de la forêt de Hambach, un boîtier électrique appartenant à RWE, société énergétique qui exploite la mine à ciel ouvert, est cramé.
Le 29 janvier à Leipzig, des puits de câbles de la Deutsche Bahn sont incendiés.

Tout attaque contre l’infrastructure de la domination fait partie d’une lutte pour l’autodétermination et la liberté de chaque individu et doit être comprise comme une proposition à passer à l’offensive et à l’étendre !

Par ailleurs, ces attaques alimentent la solidarité mutuelle – Elles envoient force et bonheur aux personnes incarcérées, poursuivies et en cavale.

(sansattendre.noblogs.org)

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lettres du compagnon anarchiste incarcéré en suisse https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/lettres-du-compagnon-anarchiste-incarcere-en-suisse/ Tue, 02 Apr 2019 19:28:46 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=231 Continue reading lettres du compagnon anarchiste incarcéré en suisse ]]> Chers compagnons, chers amis

Un mois s’est écoulé depuis que, le 29 janvier, j’étais en route en vélo pour le boulot et je venais de tourner de la Langstrasse dans la Josefstrasse, lorsqu’une voiture en civil m’a contraint à m’arrêter et que deux autres flics en civil en vélo me sont tombés dessus par derrière. Il y avait parmi eux une femme dont je me souviens qu’elle m’avait suivi jusqu’à chez moi il y a peu. Ensuite nous sommes partis, en compagnie d’environ 15 autres hôtes non invités, pour une dernière visite dans mon appartement, ma voiture et la bibliothèque anarchiste, où ont entre autres été saisis des supports de données électroniques et des documents.

A présent, j’ai donc atterri dans cette autre dimension, constituée de pièces étroites, de mobilier sommaire, de longs couloirs, de barreaux, encore et toujours des barreaux et des portes en métal, dont l’ouverture et la fermeture dictent le rythme quotidien. Séparé des lieux et des personnes familières juste par quelques centaines de mètres, mais par la violence de toute une société qui préfère un régime de murs et de lois au règne de la liberté et de la conscience. Dehors, nous aimons rêver, expérimenter, nous rebeller, la dignité blessée par les ignominies sur lesquelles repose ce monde, peu à peu nos expériences et nos découvertes se tissent jusqu’à former une vision d’ensemble et nous prenons en compte, en pensée et en acte, les conditions de la domination pour nous en libérer, rejetant sans cesse le catalogue des modèles pré-établis, y compris anarchistes. C’est ainsi que nous développons, comme allant de soi, un projet révolutionnaire, dans lequel la théorie et l’action ne cessent de se lancer des défis et de s’entremêler, nous pouvons nous sentir grandir et nous pensons presque pouvoir embrasser le monde, pourtant crac!, en un instant tout peut se réduire à quelques mètres carrés. Chaque anarchiste le sait et l’a toujours plus ou moins présent dans un coin de la tête. L’existence de cette possibilité, particulièrement emblématique du noyau esssentiel de cet ordre social est justement une raison de ne pas faire de notre vie dehors déjà une prison : de conventions et de préjugés, de compromis progressifs et de satisfactions volatiles, qui nous permettent d’arriver au lendemain, de faire contraint et de la peur qui cherche à nous diminuer à nos propres yeux.

Ce projet révolutionnaire que chaque anarchiste développe en soi, continue à se développer même quand on est en prison. Y contribuer et ne pas sacrifier notre initiative propre au diktat de la répression constitue une solidarité révolutionnaire, pas uniquement anti-répressive, et bien entendue humaine, que j’éprouve aussi pour celles et ceux qui croupissent dans les geôles de l’État. Nous pouvons être amenés à accorder trop d’attention à la matraque du flic et à la taule. Mais dans le fond, la répression c’est aussi la propagation de rituels et de contenus symboliques nous enfermant dans un ghetto culturel et nous soustrayant à la réalité de la lutte sociale, l’offre de solutions participatives en échange de petites concessions, le harcèlement de toutes parts par des stimulis et des informations toujours plus dépourvus de signification réelle, la langue qui se vide de sens alors que c’est ce qui nous permet de rendre nos idées compréhensibles à nous-mêmes et aux autres. Tout cela contribue peut-être de manière beaucoup plus déterminante à réprimer tout soulèvement contre les rapports existants. Je pense que ces problèmes devraient au minimum être considérés dans ce même contexte.

En ce qui concerne ma situation personnelle, je vais aussi bien que possible dans ces circonstances. Je suis triste de me voir aussi soudainement arraché aux personnes aimées et aux rêves nourris. Mais je parviens plutôt bien à chercher le large, si ce n’est à l’extérieur, tout du moins en mon for intérieur. J’emploie mon temps à lire et à écrire, à apprendre et à étudier. Il y a quelques personnes avec qui je peux bien discuter. Je me réjouis de recevoir des nouvelles et des analyses sur ce qui se passe dans le monde, des publications anarchistes (à envoyer dans des enveloppes), ainsi bien-sûr que des lettres de compagnons et de connaissances amies.

Je comprends l’Allemand, le Français, l’Italien. L’Anglais et un peu d’Espagnol et de Turc. Comme de bien entendu, le procureur participe aussi à la lecture. Pour finir, j’aimerais remercier chaudement celles et ceux qui me soutiennent avec les moyens possibles.

Je vous souhaite du courage et de la force, là dehors, où ils sont encore plus nécessaires qu’ici, dedans. Du moins, il peut en sortir davantage. Le salut est en vous, comme cela a déjà été dit. Je vous donne l’accolade de tout mon cœur !

Anarchistische Bibliothek Fermento
Zweierstrasse 42
8005 Zürich
bibliothek-fermento [ät] riseup.net

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Contribution non tenue à l’occasion de l’événement « Que veulent les anarchistes » le 09.02.2019 https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/04/02/contribution-non-tenue-a-loccasion-de-levenement-que-veulent-les-anarchistes-le-09-02-2019/ Tue, 02 Apr 2019 19:25:11 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=229 Continue reading Contribution non tenue à l’occasion de l’événement « Que veulent les anarchistes » le 09.02.2019 ]]> du compagnon anarchiste incarcéré en suisse

Chers compagnons

A l’occasion de la discussion autour de la question  » Que veulent les anarchistes ? », j’ai aussi envie de m’asseoir et de mettre sur papier quelques réflexions qui vous parviendront certainement avec un peu de retard, puisqu’ici tout doit passer par la censure.

Ne pas être en prison. C’est en quelque sorte la première chose qui me vient à l’esprit. Mais cela montre aussi clairement, tout comme les portes blindées devant moi, qu’il ne suffit pas de vouloir quelque chose. Sans les conditions qui permettent de saisir l’objet de la volonté dans la réalité et de le dépasser par l’action, cela reste la simple expression d’un désir, Semblable à celui de celles et ceux qui croient encore au père Noël ou qui, ayant pris de l’âge, croient en une force objective influençant le monde et censée nous libérer un jour. Qu’on l’appelle Dieu, Raison, Dialectique ou Progrès. Rien de tel.

Pour les anarchistes, ces principes abstraits représentent la même tromperie. Et peut-être avons-nous trop peu réfléchi au fait que chez les Grecs anciens, avant de devenir le synonyme de domination, archê désignait le principe premier, à la base de tout. C’est à partir de cet élément religieux originel que s’est développée la justification de l’autorité et finalement du monstre de l’État.

Ainsi, à défaut de Weltgeist [esprit/âme du monde], comme l’appelait Hegel, ou de matérialisme dialectique dans la variante directe de Marx, il nous faut nous libérer nous-mêmes. Et pour cela, il faut manifestement le vouloir. Mais la volonté peut aussi être une prison pour nous. Par exemple, à certains moments dehors, les ignominies qui nous entourent m’ont fait me sentir plus prisonnier qu’ici, dedans. Ici, la volonté se voit nécessairement amenée à réduire son périmètre. Mais dehors, elle se heurte aussi à des murs, moins clairs et pour cette raison même plus perfides. C’est ces derniers que nous devons d’abord identifier et démolir pierre par pierre, pour que les murs concrets des prisons puissent tomber un jour.

C’est pourquoi je ne souhaite pas parler ici de la beauté de l’anarchie, de la pureté des principes anarchistes. Ce sont de nobles choses, à propos desquelles nous pouvons renvoyer à un siècle entier de propagande anarchiste. Je veux diriger mon attention moins sur le problème du « Quoi » que sur celui du « Vouloir“.

Nous ne pouvons vouloir que ce que d’une manière ou d’une autre nous comprenons et que nous pouvons donc nous représenter, même s’il s’agit de la plus étrange de toutes les utopies. Cela signifie que notre vouloir n’est absolument pas aussi libre que ce sur quoi s’est longtemps fondée une tradition volontariste de beaucoup d’anarchistes. Il dépend de notre imaginaire, de notre culture dans le sens large du terme. Ces derniers n’incluent pas seulement la tradition littéraire et la culture générale, mais aussi ce que nous mangeons et comment, la manière dont nous nous habillons, dont nous nous rapportons, dont nous communiquons, dont nous chérissons, bref, tous les aspects de la vie quotidienne. Dans une société qui est sur le point de faire rentrer tous ces aspects dans un cercle fermé, administré par la technologie, le pouvoir se donne la possibilité de séparer toujours plus la culture de la réalité. Cela ne concerne pas seulement la masse majoritaire des exclus, administrés de manière passive, mais ceux-là mêmes qui sont aux postes d’administration. Dans ce sens on peut dire que la technologie annexe progressivement l’État, les anciennes structures de domination politiques et économiques.

Certains ont employé le concept de déréalisation dans une tentative encore incertaine de comprendre cette évolution englobant tout, et qui requiert tous nos efforts. Il ne faut pas comprendre la technologie uniquement comme l’ensemble de ses appareils, mais avant tout comme un voile de formes et de contenus sans substance qui recouvre toujours la réalité, en visant à la remplacer en tant que référence. Une fois ce cercle refermé de manière étanche, les contenus culturels, notre imaginaire, n’ouvriront plus aucuns débouchés d’action libératrice à notre volonté, ceux-ci ayant au moins besoin d’un contact avec la substance réelle du pouvoir dans toute son ampleur et de l’exploitation. La volonté de se libérer se transforme dès lors en de simples ersatz d’actions symboliques, enfermées dans leur propre univers culturel de cadres de pensée séparés. Les slogans et les symboles chargés, les bavardages et les rituels sévissent. Inutile de faire remarquer que les anarchistes sont aussi influencés par cette évolution. Et cela a peut-être à voir avec le fait que nous croyons trop avoir en poche la vérité ou le rosaire des principes, sans avoir besoin de nous atteler à approfondir les problèmes, qui finalement posent constamment problème à l’agir dans la réalité.

Les anarchistes ont une idée de la liberté qui ne se laisse ni diviser en gradations ou en secteurs, ni enfermer dans des mots. Comme ils ne veulent ni une simple adaptation de la domination existante , ni l’avènement d’une nouvelle domination sous d’autres formes, ils doivent partir d’une vision globale. Notre pensée est obligée de saisir le monde dans des concepts et des situations séparés pour aider à orienter la compréhension. Cependant, le monde en tant que totalité, de même que l’idée de liberté, est unique et indivisible et ne trouve de place que dans notre cœur. Sinon, l’affirmation de Bakounine ne serait pas compréhensible, selon laquelle nous ne pouvons être vraiment libres tant qu’un être humain est enchaîné dans le monde. Aujourd’hui plus que jamais, je pense que nous devons apprendre à ne pas faire attention qu’aux mots qui sont souvent trompeurs, mais plus au cœur, à ce qui résonne entre les mots. Si seuls les mots communiquent, la recherche de l’affinité finalement reste vaine. Un jour, quelqu’un a dit que celui qui a une tête d’âne ne peut soudainement découvrir en lui un cœur de lion.

Il me semble qu’aujourd’hui la seule issue pour la rébellion est de viser directement le cercle mentionné précédemment. Et pour cela, il nous faut aussi nous approprier les moyens culturels dont le pouvoir cherche à nous priver sur tous les plans. Un élément est certainement la connaissance sur l’objet de la volonté, celle-ci pouvant néanmoins aussi se transformer en obstacle et perdre le contact avec la réalité lorsqu’elle a une prétention exclusive. Un autre élément, encore plus important, sont certaines qualités, qui peuvent paraître fort peu modernes, mais qui sont la base pour le dépassement de la volonté vers l’action : en premier lieu le courage, la détermination, mais aussi, et absolument pas en opposition, l’amour, dans son fondement universel, l’ouverture aux autres, la sensibilité, la créativité.

Le livre, qui jusqu’alors semblait être au centre de l’évolution culturelle, est sans doute un objet passé de mode, et avec raison dans sa prétention à enserrer le monde dans une couverture. Nous pouvons bien-sûr vouloir l’envoyer au diable. Cependant, c’est un trésor quasiment inépuisable de stimulations devenues rares de nos jours qui pourrait nous échapper, comme occasion de réflexion provisoire d’approfondir et d’enraciner les éléments dont j’ai parlé.

Pour conclure, je pense que les anarchistes veulent la transformation révolutionnaire de l’ordre étatique reposant sur la violence et se fondant tout au long de son histoire sur les guerres, l’exploitation et la misère de masse pour procurer des privilèges à un groupe dominant. Une transformation dans le sens d’une association sans État, décentralisée, auto-organisée, d’individus, de groupes, de communautés, etc. Pas tous, mais la plupart des gens sont d’avis que les conditions de production technologiques actuelles sont incompatibles avec la perspective d’une autonomie en liberté. Les anarchistes veulent s’organiser spécifiquement en minorité révolutionnaire pour se battre à la première personne, ainsi qu’encourager à l’auto-organisation dans les luttes. En effet, seule cette dernière peut être la base d’une transformation révolutionnaire qui n’amène pas un nouveau groupe politique au pouvoir. Pas tous, mais la plupart pensent qu’une telle transformation ne peut être le résultat d’un Grand soir ou d’un simple travail éducationniste, mais qu’elle peut s’accomplir par une longue et parfois douloureuse série de luttes intermédiaires et de tentatives insurrectionnelles des opprimés. C’est pourquoi ils et elles veulent comprendre les évolutions des réalités sociales et des conflits, dans leur sens global, suffisamment pour s’impliquer, non pas comme un élément étranger, mais en y faisant des propositions et en y prenant des initiatives, là où ils voient un potentiel développement dans cette direction.

Bien-sûr, il se peut que je me trompe, mais c’est ce que je crois tirer de l’expérience du mouvement anarchiste, et aussi ce que je pense personnellement. Je pense en outre que des modifications globales du pouvoir sont en cours, qui pourraient signifier notre perte sans que nous le remarquions, si nous ne nous ouvrons pas à un renouvellement. Et le nouveau arrive toujours au travers de l’action.

J’espère que cette soirée a donné lieu à une discussion vivante, dans laquelle personne n’hésite à contredire et à confronter, non pas par volonté d’avoir raison, mais par la volonté de mieux comprendre pour mieux agir. En fin de compte, ayons le toujours à l’esprit, ce n’est rien de moins que notre vie qui est en jeu.

« Il faut encore avoir du chaos en soi, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » (F. Nietzsche, « Ainsi parla Zarathoustra »)

8 février 2019, prison de Zurich

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Subversif mai 2019: En solidarité avec les compagnons capturés* en Italie! https://prisonsociety.blackblogs.org/fr/2019/03/26/subversif-mai-2019-en-solidarite-avec-les-compagnons-captures-en-italie/ Tue, 26 Mar 2019 22:00:10 +0000 http://prisonsociety.blackblogs.org/?p=189 Continue reading Subversif mai 2019: En solidarité avec les compagnons capturés* en Italie! ]]> Contre toute autorité et répression !

Turin et à Trente, 14 personnes sont accusées d’association subversive, d’incitation au crime, de possession, de fabrication et de transport d’explosifs vers un lieu public. Par ailleurs, l’opération « Scripta Manent », où le ministère public exige 204 ans de prison pour les attaques de la Fédération anarchiste informelle et l’opération « Panico », où 3 compagnons sont accusés d’avoir attaqué une bibliothèque fasciste avec un engin explosif, sont toujours en cours.

Ceux qui ont décidé de s’opposer à toute domination dans le conflit social doivent vivre dans l’incertitude constante d’être tôt ou tard tenus responsables de leurs propres actes par les opposants à la liberté et à l’autodétermination. L’idée et le désir d’une société libérée de l’exploitation et de l’oppression doivent donc être étouffés dans l’œuf.

C’est particulièrement le cas du mouvement anarchiste en Italie. C’est l’État qui s’en occupe. Les véhicules affectés* doivent être enterrés vivants dans leurs cellules avec des jugements draconiens. Leurs complices* et l’environnement solidaire professent sans équivoque leur inimitié permanente contre le régime en ce qui concerne leur enlèvement. La compréhension d’un anarchisme qui s’est fixé comme objectif de critiquer, de dénoncer et d’attaquer fondamentalement la société et sa morale d’aliénation et d’incapacité a également une composante internationale. Par conséquent, la responsabilité et la solidarité pour les compagnons* qui tombent en captivité incombent à tous ceux qui se reconnaissent dans la volonté de subversion et dans les idées de liberté. Oui, la subversion vécue nous met en danger, mais elle nous donne aussi la possibilité libératrice et des moments d’autonomisation et d’autodétermination.

« Je revendique d’être anti-autoritaire, individualiste, pour l’insurrection, pour la destruction de ce monde sale et fétide et pour la destruction de l’État-Capital ! Toujours votre ennemi ! Pour l’Anarchie ! » (Gioacchino Somma, l’accusé dans l’opération Scripta Manent)

Agitateur, Solidaire, pour la révolte !

Pour un mois de mai hostile et toute une vie pleine de subversion !

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