CaboVerde suite…

Melting pot de pensées, de réflexions, d’indignation et de poésie…..sans filtre et sans exhausteur de goût

Le ciel m’etoile un peu en ce jour qui s’eteind

Où que je sois, j’appartiens au Monde et le Monde m’appartient
Et je continue a construire de mes mains
La réalité qui me convient
Jour après jour, pas à pas,
La danse rebelle du devoir qui s’accomplit
Emplit le ciel de mon regard conquis
Et chaque fois plus grandiose encore
Le destin qui m’attrappe me mène vers la mort
De toutes manières….

A l’adresse du touriste de masse, mais aussi de tout poil…..petit coup de gueule.

Repenser le tourisme. Ou plutôt, le penser pour une fois.
Vous êtes-vous déjà vraiment demandé pourquoi vous voyagiez? Vous êtes-vous déjà réellement posé la question de l’impact de votre voyage sur les populations, sur les peuples que vous rencontrez? Et surtout, les rencontrez-vous vraiment?
En voyage, si on n’y prête pas attention, on croise beaucoup de monde sans jamais rencontrer personne. On effleure le pays, on se repaît des paysages et de la cuisine, on observe les coutumes en trouvant cela pittoresque, et sans se demander si ce vieil homme qui mène sa charette ou cette femme qui pile le mil en chient ou non, ou si cela les mets peut-être même mal à l’aise d’être observés de la sorte (voire pris en photo!!). On se croît tout permis, poussés par le sentiment bien ancré dans nos cellules d’être légitimes, parce qu’on a payé son billet d’avion pour venir se dépayser, et que cela se fait en tout bien tout honneur! Peut-être même qu’on a dans son sac quelques stylos à distribuer au 1er venu….alors là oui vraiment, on a de quoi être à sa place!
Mais il y a aussi quand même quelque part en nous quelque chose qui nous chiffonne, sans savoir ni ce que c’est ni pourquoi c’est là, et on s’en accomode plus ou moins bien, parce qu’on ne veut pas ou ne peut pas vraiment regarder ce qu’il y a à l’intérieur. Bah moi je vais vous dire, ce quelque chose qui nous chiffonne c’est justement ce néant, ce vise abyssal de sens, qui s’empare de nous parce qu’en fait, non, on ne s’est pas posé la question.
Et on ne sait plus tellement pourquoi on est là.
Le Monde n’est-il qu’un vaste Parc d’Attraction pour occidentaux en mal de distraction??
Il ne faut pas oublier que lorsque l’on voyage, on sort de chez soi pour aller…chez les autres! Alors, de la même manière que l’on s’adapte et que l’on respecte les hôtes d’une maison, on se doit de respecter us et coutumes, et de s’adapter au pays qui nous accueille. Faire preuve d’humilité. Ne pas se positionner comme un nouvau conquérant. (Apprendre au mínimum les rudiments de la langue me semble être une première marque de révérence incontournable…) Sans cela, on reste confiné dans notre visión obtue de petit blanc qui pense déjà tout savoir sur le monde, et on n’apprends rien. On ne connaît jamais le pays ni ses habitants. On n’intègre et ne s’intègre jamais (à) la culture du pays. On reste dans un univers occidental artificiellement reconstitué pour notre bon plaisir, la plupart du temps par d’autres occidentaux, en changeant simplement de décor ou de climat.
Prendre le temps d’observer, de comprendre, de connaître un peu…Prendre le temps de sortir de ces zones de confort pour aller fouiner dans les réalités propres du pays, afin de ne plus le survoler comme une nuée de rapaces venus se remplir la panse avec des mets que personne ne peut s’acheter, venus rassasier ses besoins de grandeur par des paysages exotiques sans jamais rentrer dans la carte postale pour en saisir l’essence. Venus consommer de la culture toute prête, déjà remâchée pour les touristes, avec des gens qui eux-même renient leur propre culture dans l’espoir de conquérir eux-aussi un autre pays que le leur, venu en visite chez eux.
Sans chercher à partager une authentique réalité, si différente et éloignée de la nôtre soit-elle, sans se mettre un petit peu en danger (émotionnel j’entends…), en difficultée, en situation d’apprentissage, on continue de passer les uns à côté des autres sans vraiment se rencontrer. Et on continue d’alimenter les clivages entre les différentes communautés de ce Monde. Alimenter les jalousies, les rancunes, les espoirs vains et les désespoirs tristes, les illusions et les images. On prolonge, sagement, le travail déjà bien entammé par les médias et les politiques. On reste cantonnés à nos Histoires Communautaires respectives et interreliées, sans changer, sans éduquer notre regard sur l’autre, ni celui de l’autre sur nous-même.
On profite. Voilà tout. Et on ne change rien. Ni pour soi. Ni pour les autres. Ni pour le Monde.

[ici je me dois de faire un petit apparté : certes, tout le monde ne se doit pas forcément de vouloir changer le monde, ce qui soit dit en passant, ce que j’appelle le syndrôme de super(wo)man, est souvent plus destructeur que salvateur, mais aux vues de la situation mondiale actuelle, se pencher un peu sur les questions intercommunautaires me semble important…voire indispensable quand même! A ce propos, lire Le dérèglement du Monde de Amin Maalouf. Edifiant.]

Sortez de vos gonds
Sortez de vos caracans
Osez! Osons!
Pour soi d’abord. Pour les autres ensuite…

Vous-êtes-vous déjà demandé pourquoi vous, vous avez le droit et la possibilité d’aller où bon vous semble sur cette planète, provoquant envie et répendant illusion sur votre passage, alors que ceux que vous visitez, si encore vous leur rendiez vraiment visite, n’ont pas ce droit, cette liberté de mobilité?
Comment on se sent quand on vit dans un pays duquel on ne peut pas sortir? Imaginez que vos frontières soient de hautes grilles surmontées de barbelés….
Je me suis donné à faire l’experience pendant quelques semaines, de vivre dans un de ces pays prison….c’est angoissant. Pour moi spécialement, car ce n’est pas mon pays, et que j’ai besoin de savoir que je peux retrouver les miens si j’en ai besoin. Mais qu’en est-il alors de ces foules d’immigrés qui ne peuvent plus rentrer chez eux de peur de ne plus pouvoir en sortir de nouveau? Et qu’en est-il de ce peuple qui, heureusement, aime et chérie son pays, sa culture, ses traditions, mais ne peut pas aller s’enrichir d’autres cultures ailleurs?
Si encore ces limitations ne s’en tenaient qu’à des questions de moyens financiers, on pourrait toujours se débrouiller si l’envie est trop forte. Mais lorsque tu as réuni tous les moyens, et que parfois même tu as déjà de la famille là où tu veux aller, et qu’on te refuse le droit de sortir de ton pays….Comment peut-on appeler cela? Comment se sent-on?
Les frontières, c’est quelque chose, mais les fermer en est une autre. Atteinte à la libre circulation des personnes. Pourquoi?
Si les peurs cristallisées autour de ces questions d’immigration existent bel et bien _ manque de travail, haine de “celui que l’on ne connaît/comprends pas, manque de place, blablablá…_ elles manquent cruellement de raisonnement.
Pour celui qui a un peu voyagé, et tenté de comprendre les comportements humains et la marche du Monde, il apparaît clairement que si les frontières étaient ouvertes, beaucoup d’immigrés rentreraient chez eux. Peut-être qu’ils reviendraient occasionnellement prendre un peu d’argent là où il y en a pour l’incorporer dans son propre pays, mais il retournerait vivre là où sont ses racines, sa famille, ses amis, ses habitudes, ses coutumes.
Peut-être y aurait-il une déferlante soudaine d’étrangers dans les rues de Paris, Londres, New York, mais cela ne serait que de courte durée me semble-t-il.
Et si cela permettait au monde de trouver un meilleur équilibre?? Il y en a bien parmis nous qui vont au Danemark ou ailleurs pour faire leur beurre…Observe-t-on un phénomène d’immigration massive pour autant?

Quand assis tranquillement
A la terrasse de ton café pour blanc (oui, tu sais, celui avec le wifi!!)
Tu vois ce garcon vêtu de paille
Te tendre la main pour 1 ou 2 balles
Que fais-tu?
Comment te sens-tu?
Crois-tu que lui donner aujourd’hui va améliorer ses lendemains?
Sais-tu même ce qu’il va faire de tes écus?
Penses-tu que distribuer stylos et ballons dans la rue va résoudre la questions?

Tu te fourvoies. T’as pas 100 balles? Que dalle.
Si tu veux changer les choses, améliorer le Monde, commence par dire bonjour à ton voisin de pallier, et à donner des ballons aux enfants de ton quartier si tu le peux.
Et a dire a tes enfants qu’ils peuvent arrêter de manger quand ils n’ont plus faim, parce que les “petits africains qui meurent de faim” en ont rien à foutre que tu t’explose la panse pour eux!
Commence par accueillir l’étranger comme un des tiens
Au lieu de le considérer comme un moins que rien.
L’as-tu convié à ta fête? As-tu causé avec lui?
Ou as-tu seulement traversé son pays
Sans lui demander ton chemin,
et pour te donner bonne conscience d’être venu le consommer,
tu balances à outrance comme si de rien n’était
Des richesses sans importance qui continuent de perrorer
Que la France a cette chance de regorger jusque dans ses poubelles
D’objets de toute nature qu’on ramasse à la pelle
Tu vas faire des envieux de toutes manières ca c’est sûr
Mais montre leur qui tu es plutôt que ce que tu possèdes,
C’est plus dur, mais c’est plus sûr!
Si tu ne veux plus participer à construire tous ces murs.

[extrait d’une lettre à ma mère – mai 2017]
“…apprendre la langue et la culture, perdre tous mes repères pour en retrouver d’autres, me plier, me soumettre à ces nouveaux codes pour en embrasser l’essence et pouvoir prétendre à les sublimer en connaissance de cause. Pour ne pas faire d’erreur. Pour ne plus faire les erreurs communes à Nous tous, blancs, plus ou moins bien intentionnés qui rêveraient de plus de justice mais continuent de venir consommer en conquérant. Imbus de notre savoir, de notre richesse inconmensurable qu’est notre liberté de choisir la vie que l’on veut mener, quoi qu’il arrive, parce qu’on a pas tant besoin de se demander ce que l’on va manger demain. Et cette liberté d’être, liberté de penser, liberté d’agir, nous donne une superiorité de regard qui nous donne quand même l’impression que c’est bel et bien Nous, qui avons raison.”

Voilà….un cheval de bataille encore à l’étape du dressage…Je me demande encore pourquoi ca m’importe tant, et je me demande encore si il y a une manière de voyager qui soit possiblement éthiquement correcte, mais j’apprends que plonger dans les profondeurs culturelles des lieux où je tente de vivre un bout de vie plutôt que de n’y faire que passer, me plaît!
Je voudrais juste ajouter que je suis heureuse d’être ce que je suis, femme, blanche, voyageuse et inconstante….et qu’on ne sait pas la chance que l’on a, d’être qui nous sommes.
Et comme dirait Violeta Parme :
Gracias a la vida, que me ha dado tanto……

Manon

Parenthese au cap vert

…Ou: aventures en afrique suite…

Enfin, afrique, c’est beaucoup dire. Il manque, a mon gout, la convivialité des grandes familles, les repas dans le meme plat, les doums doums et la danse afro. Bien que mes premiers pas dans ce pays m’ont fait faire un retour sur mes séjours sur le continent noir, et me sentir déjà pour bonne partie adaptée aux coutumes, on sent ici quand meme fortement la proximité culturelle de l’europe.

Du coup, petit retour en arriere, je suis arrivee ici il y a bientot 2 mois avec ce catamaran-loft pas tres adapté a la navigation d’aventure mais peuplé d’americains tres hospitaliers et de francais tres rigolos, et j’ai fait le choix de ne pas les suivre pour découvrir le cap vert…et attendre suzanne, qui vient de repartir sur son nouveau navire qui n’avait pas de place pour moi.
Dommage….ou pas. A moi de decider.

Ici, comme partout ailleurs, des milliers de choses a faire, des milliers de possibles, et aussi des milliers de difficultees pour faire bouger les choses…et déjà se bouger soi-mm. J’ai fait la rencontre notable de Ruben, un Mindelois bien ancré dans son pays (Mindelo est la grosse ville de l’île de Sao Vicente), et qui m’a offert le gîte, le couvert, et…son coeur…allez, osons! Non seulement tout cela, mais avec lui j’apprends beaucoup, parfois a mes depends, sur la langue, les coutumes, les réalités propres du pays (ouh les ptits nuages qui se prennent l’orage sans crier gare!) et, aussi improbable que cela puisse paraître, sur…le couple! ca faisait drolement longtemps! ;o) (et sur moi-meme du coup!! encore…?)

Bref.
Je suis constamment, vous vous en doutez peut-etre, confrontee a ce que c’est que d’etre blanc, une nouvelle fois, dans un pays de noirs. Etre blanche, etre une femme, etre le miroir inexact d’une nation richissime au regard de ce pays, representer un ideal qu’on a pas choisi, et qui pour le coup, n’est pas le mien. Bien que je sois heureuse d’etre francaise et que je me rends compte encore davantage de la chance que l’on a d’etre nés là ou on est né…enfin je dis ca comme cela aussi parce que ici, les gens sont tous vraiment heureux d’etre nes la ou ils sont nes. Fiers d’etre cap verdiens, ils aiment reellement leur pays, leur bouffe, leur musique, leur langue, et ca fait du bien…même si ca les rends parfois completement impermeables a ce qui vient d’ailleurs! Très etonnant…
Mais la plupart deplorent quand meme de ne pas pouvoir sortir du territoire pour aller visiter d’autres pays, eux-aussi. Ca se comprends non?

Le tourisme étant une grosse source de revenus pour ce pays tres sec, contrairement a ce que son nom peut laisser supposer, je suis affligee quand je constate que ce sont surtout des étrangers qui profitent du filon…en reversant une maigre part aux gens qu’ils embauchent. Toujours la même excuse : oui mais ils font travailler des gens d’ici. Certes, mais ce n’est qu’une piètre consolation. Car ils prennent quand meme le monopole au détriment des plus petits hotels-resto tenus par des locaux, tout en reproduisant un univers bien européen, surprotégé, et du meme coup coupé de la réalité. Ils pourraient encourager le mélange, la renmcontre, non? Et ils prennent aussi des terres cultivables, et ils viennent couler des beaux jours au soleil sans se mêler a la population…Je pense que ca reste ca mon plus grand désarroi : la ségrégation, la séparation entre les peuples, les mondes qui se côtoient mais ne se rencontrent jamais. Et la facheuse habitude de consommer un pays sans le connaître, le «faire« comme on entend souvent. J’ai meme vu une place devant un hotel, pleine de monde, avec que des blancs d’un coté et que des noirs de l’autre! Je trouve ca toujours fou!
cependant, c’est pas que de la faute des touristes inconscients qui se veulent sympa en distribuant des ballons de baudruche aux enfants sur la plage sans savoir ce qu’ils font vraiment…l’accueil fait aux blancs est 99% du temps motvé par l’appât du gain, ou l’espoir de faire un bon mariage, et ca n’aide pas toujours a s’ouvrir au pays. Qui c’est qu’a commencé??
Coupable est aussi la télé, ici comme la-bas, qui véhicule l’image faussée d’une réalité edulcorée et genrée, codifiée, qui vend un rêve qui déjà n’existe plus vraiment…bref. L’etat du monde n’est pas plus rejouissant ici qu’ailleurs. Si ce n’est que la pauvreté n’empêche apparamment pas de bien se marrer, de passer du bon temps avec ses amis, d’aimer et d’etre aimé, et d’avoir des distractions.

Comme je me suis fait tirer ma carte bleue en arrivant ici, je vis de musique et de mon squatt chez ruben, mais du coup on est vmt sur le fil au niveau de la thune. J’experimente la pauvreté en pays pauvre….bah c’est plus facile quand les poubelles des supermarches regorgent de bouffe!! Ce qui bien entendu n’est pas le cas ici. Heureusement, sa maman est fameuse cuisiniere et nous invite souvent a manger.

Voilou. C’est un peu en vrac, mais j’ai besoin de mûrir encore ma reflexion. Je vous fait un nouveau toppo dans quelques temps
bisettes
manon